Laval Desbiens

 

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Un des fondateurs de ce site web.

 

 

Laval Desbiens

Un rendez-vous avec la Radio

 

J'ai rencontré la radio vers 6-7 ans, pendant la guerre, à écouter des radios-romans comme la Fiançée du commando, en me cachant en-dessous des couvertes quand c'était trop tough, ou que Séraphin était dure avec Donalda, et d'autres programmes, sans oublier les fameuses ondes courtes.

 

Dans les années 50, j'étais un habitué du quai chez-nous. Assis tout près des goélettes qui venaient charger de la pitoune, je tendais l'oreille lorsque les capitaines communiquaient entre-eux par radio. Cela a continué plus tard alors que l'espace d'un été, j'étais garçon de table dans un hôtel et où je passais mes temps libres a écouter encore les mêmes capitaines qui placotaient et s'égosillaient sur la radio à se donner des nouvelles, des suggestions, des conditions de navigation etc. Cela m'a incité a terminer plus rapidement que prévu un cours de commerce pour me diriger vers l'Ecole de Marine de Rimouski afin d’ apprendre les rudiments de la radio et d'obtenir un ticket pour enfin m'amuser.

 

Au lendemain de ma sortie de l'École de Marine de Rimouski, aucun navire n’était en maraude pour un opérateur radio dans le coin, fallait s’expatrier à New York pour embarquer; un de mes amis me téléphone pour m'offrir un emploi à Roberval. Où est-ce que c'est que j'lui dit ? C'est au bord du Lac, tu vas voir c'est beau pis à part de ca y'a des maudites belles 'tites filles qui travaillent au Bell Téléphone !

 

Pas besoin de m'en dire plus que j'prend mon billet pour les bleuets, Mont Laurier Aviation, Nordair et ma première job d'opérateur de radio.

 

Le code morse, la téléphonie, les observations de la météo, le trafic aérien, les messages de compagnie, les recherches d'avions perdus, pas même le temps de prendre son lunch à midi, encore des arpenteurs et leurs chiens de traîne qui faisaient du camping d'hiver pour dresser la carte de la province, toutes des choses passionnantes pour un jeune frais, sans oublier les filles du Bell....

 

Presque deux ans plus tard, les boss voulaient déménager toute la patente à Montréal, je m'suis dit aussi bien changer d'employeur ça fait que me v'la avec Transports Canada à Dorval, à l’international, du coté des communications avec les vols trans-continentaux.

 

Moi qui était habitué à communiquer avec le grand Nord et les places alentour, c'était juste un changement mineur de jaser avec d'autres pilotes et d'autres opérateurs sur les routes de l'Atlantique nord. Une courte expérience jusqu'à ce qu'un anglais me fasse parader dans le bas de la ville, sorte son petit livre noir et me dit qu'il aurait un poste pour moi à Beaumont. Une rencontre avec Harry Fisher , j'accepte et m'y v'là !

 

Une autre expérience inoubliable avec du monde dépareillé où on produisait des tas de contraventions embêtantes aussi bien pour les usagers que pour les inspecteurs de radio dans les différents bureaux de district, et en anglais s.v.p. Je n'ai compris que plus tard pourquoi les gens étaient toujours hors fréquence, sur des fréquences pas autorisées, à dire des choses pas correctes ! C'est comme ca que j'ai passé plusieurs belles années avec des gars comme Jean Paul Gagnon, Charlie Mondou, Gilles Picotte, Yvon Asselin, Art Bambrick, Gallant, Alban Violette et bien d'autres, à m'initier au jardinage pendant les breaks, à faire le gazon, réparer les antennes cassées par le verglas etc. Le sport était de trouver plus d'infractions que l'autre, surveiller les “ bootleg” avec leurs Mk 19 et dont quelques-uns étaient aidés par nos amis les amateurs ou encore les capitaines de goélettes qui se mettaient à l'abri de l'Ile pour passer leur commande d'épicerie sans comprendre comment il se faisait qu'ils continuaient à se faire prendre. Que d'aventures !

 

Au bout d'un temps, après que j'eu passé par St Lambert de Lévis et installé Senneterre Thomas Foucault, a qui j'avais conté vouloir changé de job, m'offre de monter au bureau de Trois Rivières ce que j'accepte. Il faut dire que c'était LA promotion attendue par tous les opérateurs de radio du temps et dont le nom n'était pas dans le petit livre noir!

 

Les pôvres clients, ils ne parlaient pas la langue de nos maîtres du temps et les inspecteurs avaient ordre de ne correspondre qu'en anglais parce qu'autrement, à ce qu'on pense, les grands boss d'Ottawa qui à l'occasion venaient fouiller dans les dossiers et a qui une copie de toutes les lettres devait être expédiée, ne pourraient comprendre ce qui y était écrit. C'est comme ca qu'il y avait plus d'infraction au Québec qu'ailleurs.

 

Un moment donné, Tom Foucault voulait s'ajouter un autre installation dont il serait responsable, question de pouvoir péter de la broue envers ces collègues à Ottawa et ailleurs... C'est comme ça que mon domaine de St Rémi est arrivé dans le décor, une chose toute neuve que je pourrais installer à ma manière, j'pouvais pas laisser passer ça!

 

Que de plaisirs encore, au milieu des terres, la grande nature, le premier voisin à un mille, des tours et des tours, la possibilité de mettre la patte sur tout ce qui traînait ailleurs, et surtout, de pouvoir enfin planter des arbres et continuer à cultiver la terre, convaincre le boss qu'il me fallait un tracteur à gazon pour que ça paraisse bien pour les visiteurs et surtout que ça occupe mes enfants pendant les fins de semaine. Sans oublier la mise en forme de quelques jeunots nouveaux arrivés frais des grandes études , qui en savaient souvent plus que moi et qui voulaient en savoir encore plus sur ce beau monde des ondes.

 

Quelques années plus tard me v'là dans un poste à la Région avec l’ingénieur Gilles Migneault. J'étais un peu mal à l'aise d'y faire le saut car à toutes les fois que j'y allais, y'me semblait que les piles de papiers sur les tables et bureaux de Gilles étaient de plus en plus grosses.

 

J'ai tout fait pour retarder l'échéance du déménagement et j'ai attendu si longtemps qu'encore une fois Foucault a eu le temps de me dire qu'il avait à nouveau besoin de moi, à Port Alfred c'te fois là.

 

Me v'la donc dans le pays de mes ancêtres, dans le fond de la cave du bureau de poste, avec le p'tit Boily, où il me fallait recevoir les clients dans le passage. La place n'avait pas changé depuis la dernière fois que j'y étais passé en 57, Le député voulait qu'on déménage dans le sous-sol de l'église mais notre ministre Jeanne Sauvé décide tout de même qu'on s'en va à Chicoutimi. Une autre belle installation neuve pour moi, de la place pour mettre tout ce que je pourrai scrounger ailleurs !

 

Quel plaisir de travailler avec du bon monde, de grossir l'équipe, d'en faire plus avec moins.

 

Un des mes sports préférés, essayer d'agrandir mon territoire au dépend de Lemay et de Trudel, des confrères de Trois Rivières et de Québec.

 

Et les folies budgétaires du temps ... un matin Léo Daigle me demande ce que je pourrais bien couper dans mon budget autrement plus petit que le sien, il a fallu se résoudre à couper l’intercom sur le téléphone ... Question budget, je n’oublie pas non plus les immobilisations et autres achats du 29 avril de chaque année, budget repris de ceux qui ne se gardaient pas de liste de besoins pressants à jour ! Quel plaisir ...

 

Un lundi matin, on se met à recevoir des lettres de protestations de la Ville de Chicoutimi, de Jonquière, des résolutions des Conseils de villes, des Chambres de Commerces, des fournisseurs, de l'Association des constructeurs, de l'Alcan, de Price et de tout un paquet de monde qui avaient entendu parler qu'on se préparait à fermer le bureau . Tout ce beau monde ne voulait naturellement pas que ca se fasse. Cela ne s'est pas fait ! Faut s'occuper d'son affaire... !!

 

Et c'est de même que les années ont passé, la crise du FLQ et son anniversaire, à participer aux efforts du ministère pendant les Jeux Olympiques, les voyages en Hercules à suivre le Pape, les équipes de travail pour le contrôle des émissions et la refonte des règlements, à me battre pour conserver le district, à argumenter pour obtenir des ordinateurs, du monde et des budgets, sans oublier les multiples caucus à perdre mon temps dans des conférences téléphoniques interminables où Jean Guy Beaupré et d'autres trouvaient le moyen de m'ennuyer sans bon sens juste pour m'empêcher de faire ma job.

 

Une chance qu’on pouvait s’appuyer sur de bons camarades tels que les Cyr, Bourassa, Migneault et les confrères dans les autres bureaux de District.

 

Tout au long de ma carrière avec la réglementation, j'ai eu comme objectif de donner le meilleur service possible, de contenter mes clients, de prévoir leurs attentes, de parler et d'argumenter pour eux dans les plus hautes sphères du Ministère, je crois l'avoir réalisé.

 

Je suis aussi bien content de voir qu'on a accepté plusieurs de mes suggestions dans la fameuse refonte de la réglementation. Tout ce que j'ai mis de l'avant résultait de mes contacts avec les clients et je suis fier de l'avoir fait . J'aurais aimé en voir plus encore

 

Au bureau de district, je pense que mes clients ont été satisfaits mais je dois dire que ce n'aurait pas été possible si je n'avais pas été appuyé par des gars et des filles qui étaient du même avis et qui avaient à coeur de bien répondre aux clients.

 

Et me voici QTP après 35 ans !

A rendez-vous with Radio

 

Home in Trois Pistoles, we had radio receivers all over the place for the old man was running a hotel with a lot of customers, tourists and vendors needing to be informed of what went on and for a good cause, it was war time.

 

I then really met radio when I was about 6 years old, listening to radio programs and soap-operas where war was the subject of the day, hiding under the bed-covers when the action was too tough ... and twisting the dials to get on to the short-waves were I’d hear all sort of speech in unknown languages and a lot of Heil !

 

Later, during the late forties, in the summer time, I often was at the dock, sitting on a bollard, watching the St Lawrence “goélettes “ wood pulp schooners loading and hearing the captains talk to others on their radios.

 

That continued later on when I was ‘waitering’ at a hotel near Riviere du Loup where my pastime often was to twist the dial of old radio, always listening to those captains passing along news, suggestions, sea conditions etc. Did I not one day land on a frequency at the top end of the broadcast band, where some guys on the other side of the St Lawrence were chatting from one car to the other, what a mystery so much so that it was decided and I would take up radio school.

 

That was the end of my studies in Business at St Joseph’s Univ in New Brunswick and off I went to the Rimouski Marine school to get some rudiments about radio , learn morse code, get my 2nd Class certificate, be a radio operator aboard ships and play like the others !

 

But when I came out of school, there were no ship in need of an operator nearby, I thought of somehow getting to New York to ship but with no money ... A few days later, a friend calls me on the phone, offering a radio operator job in Roberval. Where is that ? I replied. Its near Lake St John and you’ll see, there are lots of nice girls here with Bell Tel !

 

That was enough for me and off I went , hopped on the bus to blueberry land and my first radio operator job with Mont Laurier Aviation and Nordair.

 

Morse code, telephony, weather observations, aircraft flight plans and PX reports on Sked-f to the ATC in Montreal, company messages, lost aircrafts, often no time for lunch , land surveyors with their dogs and sleds, charting the north to draw a map of Quebec and its thousands of lakes and rivers, first experiences with SSB and radio black-outs, all passionate events and things for a young fresh one, not forgetting long chats with the girls at Bell during the graveyard shifts.

 

About two years of that, chatting with old RCAF and bush pilots flying Norseman and Beavers, DC-3's and Canso’s (PBY5-A) some of them remembering their morse code from the Korean war and calling in from Fort Chimo or Frobisher just to say they were en-route for an 8 or 9 hours flight. A short stay in Chibougamau ( Cache Lake ) for weather, Piballs and CW QSO’s with DOT northern stations. Then came whispers that the whole works would be moved so I decided to make a move myself, applied and came to Dorval, to work as an operator at VFN, International aeradio, communicating with flights to and from Europe.

 

That was real easy being accustomed to communicate with the northern stations and bush flights, it was just a small change for me to do it with other pilots and stations on the north- Atlantic routes. A few months of that and I am called down town by a man with a little black book who tells me there could be a job for me at Beaumont. Again don’t know where that could be, a meeting with Harry Fisher who was heading Radio Regulations in Montreal , I accept and there I am.

 

Another unforgettable experience with a fine bunch, where we initiated piles of infringement reports, annoying as much for the users as for the radio inspectors. It was only later that I realized why there were so many infringements in Québec for offfrequency operation, use of unauthorized frequencies or superfluous language, corrections were not always applied.

 

Log books, all letters, reports and everything were written in English and sent as such since very early on in radio regs history, if it would have been in french, the powers high-up , where a copy of all that was sent, would not know the whats and whys ! No wonder we had more infringement reports here than elsewhere ..

 

Anyway, that’s how I spent a few very good and interesting years with friends such as Max Gallant, Alban Violette, Jean Paul Gagnon, Charlie Mondou, Gilles Picotte, Yvon Asselin and others, not forgetting Art Bambrick, my mentor in monitoring and who, at break times, initiated me to gardening, looking after the peonies, the geraniums, the grass. Yearly repairs of the antennae, 60ft high, was also indicated after sleet storms, of course we did not know then that no insurance would have covered the damage in case of a fall ...there were DOT riggers for that but we could not wait for them to come and were young and careless ..

 

Our sport was to find more infringements that the other, find bootleggers with their Mk 19 sets, on 2 MHZ and helped by good amateur Samaritans and even go after them with an old receiver and a broadcast loop antenna rigged-up in the back of the OIC’s car, listen-in to wood-pulp schooner captains who would hide ‘behind the island’ to broadcast their grocery order on unauthorised frequencies, never comprehending how the hell we’d hear them every time ...

 

Radio adventures those were !

 

After a few years, a new 750 kV ligne came to pass very near our site so we moved to St-Lambert de Lévis in 1966, with a barrier exam during those years to get more pay.

 

Receiving good words of appreciation from the Superint’Thomas Foucault, I thought that a change of job seemed indicated for me, Tom mentioned that a position was available at the Trois Rivières District office, it was accepted on the spot and there I went in April 67. One must say that such a promotion was THE promotion to be had by radio operators in that time and possible only for those whose name was not in the little black book ! While there, my services were again required and I went and installed the Senneterre monitoring station in 1969 .

 

When the time came, Superint’ Tom wanted to add another site under his control, just to brag some more with his colleagues of other regions and in Ottawa. And that’s how I inherited St- Rémi, a brand new thing , ex RCAF receiver site, where I would do all I want, install it as I wished, that could not pass by me.

 

Man, how sweet it was, in the middle of acres of good flat land, the next neighbour one mile further, towers and towers and rhombics with the possibility to lay my hand on all surplus and unused equipment that was laying here and there in Districts and at the RRE Clyde lab. Gardening, planting trees, even convincing Tom that a tractor lawn-mower was required to keep the grass at the correct height to impress the visitors, more so to get my kids busy during the week-ends. Not forgetting the training of some young lads fresh out of CEGEPs and who wanted to learn. Even if they knew more than I, they were yearning to know more about the wonderful world of radio.

 

Some years later, a promotion with Gilles Migneault, the regional engineer. But I had never been at ease in his office for every time I went there, thought that the pile of papers on and around his desk were getting bigger and taller and so, retarded my move so much so that Tom Foucault needed my services again, this time, at the Port Alfred District office.

 

And here I came, to the country of my ancestors, in the basement of the Port office, where clients were entertained in the corridor. The place had not changed since the last time I had been there in 1956. The local MP wanted us in the basement of the church but our Minister, Jeanne Sauvé, decided we’d go to Chicoutimi. Another brand new thing for me, a place where I could install all of what I could scrounge from others ..

 

Again, how sweet it was to work with good people, hire some more people and do more with less ! One of my preferred sport was to try and enlarge my territory at the expense of Lemay and Asselin, colleagues from Trois Rivières and Québec.

 

And the budget follies of the time ... one morning, Leo Daigle tells me that I have to cut my budget , one much more smaller than his; it resulted in my chopping the intercom on my phone lines, people would just have to howler the one wanted ... Must not be forgotten either those 29 April buying sprees for which I always had a list of pressing needs for indispensable things , too bad for those that were not ready for it ...! Quel plaisir ...

 

One Monday morning, letters started coming in from the cities of Chicoutimi, Jonquière, resolutions from town councils, Board of Trade, suppliers, Alcan, Price and others that had heard of and were protesting against a supposed closing of the District office. Naturally, none of them was in favour of such a closure so all that was mailed to our then Regional boss Jacques Lyrette and we never heard of it after. One must care for his business !

 

Those were the years, going too fast for me, from Air Servies Training School to the FLQ crisis and its anniversary, taking part in the Olympics departmental efforts, voyaging aboard Hercules trailing the Pope, work forces involved with monitoring services and regulatory reform, making sure the District remains in operation , fighting for resources to get computers, not forgetting the multiple teleconferences with the regional people where some guys were ever finding ways to annoy me and prevent me from doing my job !

 

Lucky I was to bear on good friends such as René Cyr, Jacques Bourassa, Migneault and colleagues from other offices.

 

All along my career in radio regulations, my objective was to render the best services possible, anticipating my clients needs, arguing on their behalf and make it such that my clients would be happy, I think that objective was met.

 

Seeing that some of my suggestions to the regulatory reform task force were accepted was most appreciated, some of those were the result of my contacts with the users and I would have wanted more.

 

At the District level, I think that all my clients were satisfied and I must add that it would not have been possible without the help of boys and girls who had the same interest at hearth.

 

And I went on to other experiments after more than 35 years and, during pretty near all those years, I was (and still am )with a Bell Telephone girl !

 

Laval

Nov. 2009

 

 

Rite de passage à la réunion pour la retraite de Laval Desbiens

PAX VOBISCUM

par Bernard Surprenant - 1993

 

Laval, il ne faut pas déroger à la coutume; tu auras donc droit, comme les autres, à une rétrospective de ta carrière en terme d’événements cocasses et de souvenirs risibles. Bien que tu fusses reconnu comme un homme rangé et calme,(du moins au début de ta carrière) nous avons tout de même réussi à glaner quelques informations ici et là qui reflètent à notre avis l’homme coloré que tu es. Alors, sans plus tarder, voici la merveilleuse histoire du roi de l’écoute radio.

 

 Nous passerons l’époque de la fondation de Beaumont et de l’assaut de Québec en 1760 par le général Wolfe pour arriver quelques années plus tard soit à l’automne 58 alors que Laval Des Biens se présenta au centre de contrôle de Beaumont. C’est donc à cet endroit que débuta la carrière du “ Best monitoring man in Canada” aux dires de Tom Foucault.

 

Très érudit dans la technique et homme de lettre, notre confrère ne tarda pas à s’acclimater et à s’intégrer au groupe des Mondou, Bambrick, Gagnon et autres. IL futmême reçu chevalier de l’Ordre de Jacques Cartier mieux connu sous le diminutif de la Patente. Cette confrérie ne s’en laissa pas imposer et les rapports d’infractions sortirent à profusion. La notoriété de Beaumont dans le domaine ne fit plus de doute et, mis à part les capitaines de goélettes et autres qui recevaient les infractions, le Canada entier s’enorgueillit de la chose. C’est à se demander si ce n’est pas à partir de ce moment que nous avons tous ressenti ce fameux sentiment d’appartenance. C’est lors d’un souper semblable à celui-ci que Laval dévoila la raison pour laquelle Beaumont avait toujours de bonnes statistiques. C’est une affaire de langue paraît-il. Mais nous lui laisserons le plaisir de vous en dire davantage.

 

Malgré les longues périodes d’écoute, les réparations de toutes sortes, notre ami trouvait tout de même le temps de jardiner et de “flatter ses pivoines” comme il dit si bien; il mit même à profit ses talents de “patenteux”: on se rappellera une table de travail qui devait être placée du long d’un mur au bas duquel était intaillée une plinthe de chauffage. Puisque cette table devait toucher au mur, notre confrère bricoleur décida tout simplement de raccourcir deux pattes de la table de façon à ce qu’elles s’appuient sur la plinthe de chauffage. Imaginez-vous ce qui arriva lorsque le “boss” décida de déplacer la table.

 

Toute bonne chose ayant une fin, notre ami , épris du goût de l’aventure, décida, comme Maisonneuve, de remonter le fleuve vers Ville - Marie. Passant en face de Trois-Rivières, le paysage lui plut et il y fit escale. Il lui suffit à peine quelques années pour se faire inculquer les vrais notions de la gestion des radiofréquences et, muni de tout ce bagage, il quitta Trois-Rivières pour aller fonder le centre de contrôle de St Rémi de Napierville. Nous sommes en l’an de grâce 1970.

 

Débrouillard comme pas un lorsqu’il s’agit de brigander des appareils de mesure et autres surtout lorsqu’il n’y a pas de budget, Laval s’appropria tout l’équipement du défunt centre de formation des inspecteurs radio à Ottawa. Il mandata alors certains arpètes indisciplinés et revendicateurs, frais émoulus des collèges d’enseignement professionnel, à monter les consoles et l’équipement nécessaires à la surveillance des ondes électromagnétiques. Ces pauvres, ils ont vite compris la limite de leurs connaissances face à ce maître et je vous jure qu’ils en suèrent un coup.

 

Voulant étendre son influence, Laval dota le centre d’un laboratoire mobile et afin d’abriter ce monstre il fit construire un garage énorme (Que voulez-vous, il n’a pas le sens des mesures).

 

C’est à partir du moment où il essaya d’expliquer à un employé de couleur de Travaux publics Canada qu’il voulait conserver un accès au sous-sol du centre de contrôle à partir de la nouvelle construction que Laval se découvrit une maladie latente: le racisme. Mal lui en pris, car un peu plus tard on lui imposa un stagiaire dénommé Mamma Dou. Ce fut la pire période de sa carrière.

 

Tout homme célèbre laisse sa marque et Laval ne fait pas exception. Il fit donc appel à ses talents de jardinier et planta une rangée de peupliers le long de l’entrée qui mène au centre de contrôle. Aujourd’hui, on peut admirer ces magnifiques feuillus qui doivent leur existence à un homme qui savait flatter ses plantes. il paraîtrait qu’il n’a pas eu le même succès avec un pommier qu’il avait également planté sur le terrain du centre. Il avait beau le flatté, le pommier refusa de lui donner des fruits. Nous n’avons jamais compris pourquoi l’arbre se mit à donner des fruits après son départ.

 

Nous sommes en l’an de grâce 1975, Laval contempla son oeuvre et cela lui plut. Que pouvait-il avoir de plus ? Un royaume peut-être ? Aussitôt désiré, aussitôt reçu. Eh oui, Lavai se fit remettre les clés du Royaume et partit pour le Saguenay.

 

Les employés actuels du bureau de Chicoutimi sont arrivés bien après que Laval ait établi son quartier général. Ils n’ont donc pas été témoins des premiers instants de sa création. A-t-il encore une fois planté son arbre ? En tout cas, il ne nous l’a pas dit. On a cependant entendu parlé qu’avant son arrivée, le bureau était tellement en GANDOLE (à l’envers) que c’était effrayant.

 

Pour avoir travaillé avec lui pendant plus d’une décennie, nous avons retenu quelques traits de sa personnalité dont nous aimerions vous faire part:

 

- c’était un gars qui faisait sa petite affaire et qui n’avait pas tendance à s'épivarder (gesticuler).

 

- on ne sait pas combien il y avait d’heures dans sa journée mais si on se fie à ses réalisations, soyez certains qu’il ne la passait pas à VRIGNER (perdre son temps).

 

- Bien que bon vivant, aimant qu’on lui raconte une petite farce une fois de temps en temps, comme par exemple l’histoire de l’ours et du lapin que nous ne raconterons pas ici, on ne l’a pourtant jamais vu virer une bonne PICOTTE (se saouler).

 

- Il nous approchait souvent avec cette phrase célèbre: “Vous autres qui avez fait de grandes études....” ou encore “ vous autres qui êtes bons dans les grands calculs...” Il n’a peut-être pas fait d’études universitaires en génie N’EN POSE PAS (n’empêche que) qu’il était très fort en technique de radiocommunications.

 

- Mais il n’a pas que des qualités. On lui reproche d’être un peu radin sur les bords. Par exemple, on a entendu dire que lors de voyages d’affaire à Québec, il faisait faire un changement d’huile sur le véhicule pour ne pas payer de stationnement. Ce principe il voulait nous l’inculquer. Ainsi, lorsqu’on laissait chauffer le moteur d’un véhicule trop longtemps à des température de -40 Celsius, il te rappelait à l’ordre et t’accusait de dilapider des biens publics.

 

- On se rappelle la période où, pour économiser, Serge et Mario devait partager le même téléphone.

 

À chaque année, il installait son vieux téléphone à manivelle et on se demandait toujours s’il avait réussi à obtenir des tarifs d’antan pour la durée du carnaval souvenir.

 

- C’est au cours de cet événement que Lavai portait fièrement son habit de l’ancien temps. Imaginez- vous qu’il l’a confectionné lui-même avec de la colle chaude. Je vous dis que ce n’était pas de la BARLINGUETTE (tissu de piètre qualité). De plus, il paraîtrait qu’il aurait tissé sa propre ceinture fléchée.

 

- En parlant de vêtements, il agaçait souvent le personnel féminin en lançant subtilement: “t’as une échelle dans tes bas” alors que ce n’était pas le cas. Voulait-il leur refiler une de ses paires D’ARCANGES (caleçon)?

 

- Lorsque Laval arrivait certains matins tout ÉCALVÂTRÉ (débraillé), la noire à Todore (France) se chargeait de lui rappeler que sa couette de cheveux était à replacer ou que sa chemise était toute croche.

 

- Laval était aussi un visionnaire. Déjà, à la fin des années 70 il était interdit de fumer un cigare ou la pipe dans les locaux alors le règlement concernant l’interdiction de fumer dans les édifices fédéraux n’avait même pas été pensé.

 

- Laval était passé maître dans l’art de convaincre les gens. Combien de fois sommesnous entré dans son bureau avec un besoin particulier puis en ressortir sans l’avoir obtenu. Sa maxime était celle-ci: “VOUS avez un besoin? Venez me voir et je vais vous montrer comment vous en passer”. Si par bonheur t’avais réussi à le convaincre, il nous refilait de l’équipement d’amateur. Encore une fois Laval pavait le chemin.

 

- Sa vaste expérience des centres de contrôle exerçait une influence évidente sur son subconscient. Ainsi lorsqu’il s’approchait d’un employé il débutait toujours la conversation par cette phrase célèbre: “ Tout est sous contrôle”; et cela même si l’employé travaillait à l’autorisation.

 

- Bien entendu, ce n’est pas parce qu’il était le roi qu’il avait perdu ses talents de jardinier. Lorsqu’en saison, il offrait régulièrement ses fameuses pivoines que chacun se faisait le devoir de maintenir en vie le plus longtemps possible. Malheureusement, elles n’arrivaient pas seules. Une colonie de fourmis paradaient pendant quelques jours sur les dossiers et à travers les demandes de licence. Quand aux lilas, la plupart des gens en supportait l’odeur.

 

Si nous avons utilisé, au cours de cette allocution, des mots parfois étranges, c’est bien parce que Laval n’avait pas peur de passer pour un CANAOUICHE quand il s’agissait de baptiser certaines réalisations de son bureau. Ainsi sont nées” La plume de l’inspecteur” et la “Courte Pointe”. Ce trait particulier de sa personnalité faisait en sorte qu’il n’était pas toujours bien compris de ses pairs. /1

 

Nous sommes en l’an de grâce 1992. Notre ami Lavai, satisfait de ses réalisations et ayant le sentiment du devoir accompli décide d’abdiquer (probablement à cause de son âge avancé) en mettant en pratique un autre de ses dictons célèbres: “ un vieux soldat ne meurt pas il s’éteint tranquillement”. Les derniers moments de sa carrière seront consacrés au projet de la refonte de la réglementation: l’ultime outil qui servira à gérer le spectre pour les 25 prochaines années. Quel bel héritage à laisser.

 

Fort de l’appui d’Yvon Asselin, notre canaouiche national se présenta à la DRP-P, armé de son bagage d’expérience et de ses idées à tendance un peu conservatrice. On assista alors au choc des idées. Les forces conservatrices affrontèrent les forces progressistes; propositions, contre-propositions; tout était sur la table. Mais rien n’y fit, la définition d’une station radio telle que notre ami l’avait pensée fut rejetée. Laval, ressentant une certaine frustration, voulant panser sa douleur, demanda alors à notre confrère André Barrière du bureau de Sherbrooke de lui écrire un poème sur le sujet.

 

Ainsi se termine la merveilleuse histoire du roi de l’écoute radio.

 

Que peut-on souhaiter à un homme de ta trempe qui a servi ses concitoyens avec conviction et loyauté que de réaliser les projets dont tu as tant rêvés et de profiter au maximum, avec ta famille, des 35 prochaines années de liberté. N’oublie surtout pas ceux qui restent. Même si tu n’as plus la clef, la porte te sera toujours ouverte.

 

 

Note biographique en date du 22 septembre 1971 concernant les techniciens ( Inspecteurs radio ) affectés au secteur de la règlementation des télécommunications. Les dates de naissance des personnes encore vivantes ont été effaçées.

Voir la note de service du 22 septembre 1971

 

Laval Desbiens à l'École de Marine de Rimouski en 1956

Laval Desbiens at the Rimouski Marine School in 1956

 

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 Spectrum Management from the Early Years to the 1990s

Gestion du spectre du début aux années 1990

 

1960 - Illégal à Québec

1960 - Illegal in Quebec

 

1987 - Federal Department of Communications - District managers gather

1987 - Ministère fédéral des Communications - Réunion des gestionnaires de district

 

2014 - Rencontre amicale à Sherbrooke de quelques anciens du spectre

 

Static Kills Radio Reception