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Laval Desbiens
Rite de passage à la réunion pour la retraite de Laval Desbiens PAX VOBISCUM par Bernard Surprenant - 1993
Laval, il ne faut pas déroger à la coutume; tu auras donc droit, comme les autres, à une rétrospective de ta carrière en terme d’événements cocasses et de souvenirs risibles. Bien que tu fusses reconnu comme un homme rangé et calme,(du moins au début de ta carrière) nous avons tout de même réussi à glaner quelques informations ici et là qui reflètent à notre avis l’homme coloré que tu es. Alors, sans plus tarder, voici la merveilleuse histoire du roi de l’écoute radio.
Nous passerons l’époque de la fondation de Beaumont et de l’assaut de Québec en 1760 par le général Wolfe pour arriver quelques années plus tard soit à l’automne 58 alors que Laval Des Biens se présenta au centre de contrôle de Beaumont. C’est donc à cet endroit que débuta la carrière du “ Best monitoring man in Canada” aux dires de Tom Foucault.
Très érudit dans la technique et homme de lettre, notre confrère ne tarda pas à s’acclimater et à s’intégrer au groupe des Mondou, Bambrick, Gagnon et autres. IL futmême reçu chevalier de l’Ordre de Jacques Cartier mieux connu sous le diminutif de la Patente. Cette confrérie ne s’en laissa pas imposer et les rapports d’infractions sortirent à profusion. La notoriété de Beaumont dans le domaine ne fit plus de doute et, mis à part les capitaines de goélettes et autres qui recevaient les infractions, le Canada entier s’enorgueillit de la chose. C’est à se demander si ce n’est pas à partir de ce moment que nous avons tous ressenti ce fameux sentiment d’appartenance. C’est lors d’un souper semblable à celui-ci que Laval dévoila la raison pour laquelle Beaumont avait toujours de bonnes statistiques. C’est une affaire de langue paraît-il. Mais nous lui laisserons le plaisir de vous en dire davantage.
Malgré les longues périodes d’écoute, les réparations de toutes sortes, notre ami trouvait tout de même le temps de jardiner et de “flatter ses pivoines” comme il dit si bien; il mit même à profit ses talents de “patenteux”: on se rappellera une table de travail qui devait être placée du long d’un mur au bas duquel était intaillée une plinthe de chauffage. Puisque cette table devait toucher au mur, notre confrère bricoleur décida tout simplement de raccourcir deux pattes de la table de façon à ce qu’elles s’appuient sur la plinthe de chauffage. Imaginez-vous ce qui arriva lorsque le “boss” décida de déplacer la table.
Toute bonne chose ayant une fin, notre ami , épris du goût de l’aventure, décida, comme Maisonneuve, de remonter le fleuve vers Ville - Marie. Passant en face de Trois-Rivières, le paysage lui plut et il y fit escale. Il lui suffit à peine quelques années pour se faire inculquer les vrais notions de la gestion des radiofréquences et, muni de tout ce bagage, il quitta Trois-Rivières pour aller fonder le centre de contrôle de St Rémi de Napierville. Nous sommes en l’an de grâce 1970.
Débrouillard comme pas un lorsqu’il s’agit de brigander des appareils de mesure et autres surtout lorsqu’il n’y a pas de budget, Laval s’appropria tout l’équipement du défunt centre de formation des inspecteurs radio à Ottawa. Il mandata alors certains arpètes indisciplinés et revendicateurs, frais émoulus des collèges d’enseignement professionnel, à monter les consoles et l’équipement nécessaires à la surveillance des ondes électromagnétiques. Ces pauvres, ils ont vite compris la limite de leurs connaissances face à ce maître et je vous jure qu’ils en suèrent un coup.
Voulant étendre son influence, Laval dota le centre d’un laboratoire mobile et afin d’abriter ce monstre il fit construire un garage énorme (Que voulez-vous, il n’a pas le sens des mesures).
C’est à partir du moment où il essaya d’expliquer à un employé de couleur de Travaux publics Canada qu’il voulait conserver un accès au sous-sol du centre de contrôle à partir de la nouvelle construction que Laval se découvrit une maladie latente: le racisme. Mal lui en pris, car un peu plus tard on lui imposa un stagiaire dénommé Mamma Dou. Ce fut la pire période de sa carrière.
Tout homme célèbre laisse sa marque et Laval ne fait pas exception. Il fit donc appel à ses talents de jardinier et planta une rangée de peupliers le long de l’entrée qui mène au centre de contrôle. Aujourd’hui, on peut admirer ces magnifiques feuillus qui doivent leur existence à un homme qui savait flatter ses plantes. il paraîtrait qu’il n’a pas eu le même succès avec un pommier qu’il avait également planté sur le terrain du centre. Il avait beau le flatté, le pommier refusa de lui donner des fruits. Nous n’avons jamais compris pourquoi l’arbre se mit à donner des fruits après son départ.
Nous sommes en l’an de grâce 1975, Laval contempla son oeuvre et cela lui plut. Que pouvait-il avoir de plus ? Un royaume peut-être ? Aussitôt désiré, aussitôt reçu. Eh oui, Lavai se fit remettre les clés du Royaume et partit pour le Saguenay.
Les employés actuels du bureau de Chicoutimi sont arrivés bien après que Laval ait établi son quartier général. Ils n’ont donc pas été témoins des premiers instants de sa création. A-t-il encore une fois planté son arbre ? En tout cas, il ne nous l’a pas dit. On a cependant entendu parlé qu’avant son arrivée, le bureau était tellement en GANDOLE (à l’envers) que c’était effrayant.
Pour avoir travaillé avec lui pendant plus d’une décennie, nous avons retenu quelques traits de sa personnalité dont nous aimerions vous faire part:
- c’était un gars qui faisait sa petite affaire et qui n’avait pas tendance à s'épivarder (gesticuler).
- on ne sait pas combien il y avait d’heures dans sa journée mais si on se fie à ses réalisations, soyez certains qu’il ne la passait pas à VRIGNER (perdre son temps).
- Bien que bon vivant, aimant qu’on lui raconte une petite farce une fois de temps en temps, comme par exemple l’histoire de l’ours et du lapin que nous ne raconterons pas ici, on ne l’a pourtant jamais vu virer une bonne PICOTTE (se saouler).
- Il nous approchait souvent avec cette phrase célèbre: “Vous autres qui avez fait de grandes études....” ou encore “ vous autres qui êtes bons dans les grands calculs...” Il n’a peut-être pas fait d’études universitaires en génie N’EN POSE PAS (n’empêche que) qu’il était très fort en technique de radiocommunications.
- Mais il n’a pas que des qualités. On lui reproche d’être un peu radin sur les bords. Par exemple, on a entendu dire que lors de voyages d’affaire à Québec, il faisait faire un changement d’huile sur le véhicule pour ne pas payer de stationnement. Ce principe il voulait nous l’inculquer. Ainsi, lorsqu’on laissait chauffer le moteur d’un véhicule trop longtemps à des température de -40 Celsius, il te rappelait à l’ordre et t’accusait de dilapider des biens publics.
- On se rappelle la période où, pour économiser, Serge et Mario devait partager le même téléphone.
À chaque année, il installait son vieux téléphone à manivelle et on se demandait toujours s’il avait réussi à obtenir des tarifs d’antan pour la durée du carnaval souvenir.
- C’est au cours de cet événement que Lavai portait fièrement son habit de l’ancien temps. Imaginez- vous qu’il l’a confectionné lui-même avec de la colle chaude. Je vous dis que ce n’était pas de la BARLINGUETTE (tissu de piètre qualité). De plus, il paraîtrait qu’il aurait tissé sa propre ceinture fléchée.
- En parlant de vêtements, il agaçait souvent le personnel féminin en lançant subtilement: “t’as une échelle dans tes bas” alors que ce n’était pas le cas. Voulait-il leur refiler une de ses paires D’ARCANGES (caleçon)?
- Lorsque Laval arrivait certains matins tout ÉCALVÂTRÉ (débraillé), la noire à Todore (France) se chargeait de lui rappeler que sa couette de cheveux était à replacer ou que sa chemise était toute croche.
- Laval était aussi un visionnaire. Déjà, à la fin des années 70 il était interdit de fumer un cigare ou la pipe dans les locaux alors le règlement concernant l’interdiction de fumer dans les édifices fédéraux n’avait même pas été pensé.
- Laval était passé maître dans l’art de convaincre les gens. Combien de fois sommesnous entré dans son bureau avec un besoin particulier puis en ressortir sans l’avoir obtenu. Sa maxime était celle-ci: “VOUS avez un besoin? Venez me voir et je vais vous montrer comment vous en passer”. Si par bonheur t’avais réussi à le convaincre, il nous refilait de l’équipement d’amateur. Encore une fois Laval pavait le chemin.
- Sa vaste expérience des centres de contrôle exerçait une influence évidente sur son subconscient. Ainsi lorsqu’il s’approchait d’un employé il débutait toujours la conversation par cette phrase célèbre: “ Tout est sous contrôle”; et cela même si l’employé travaillait à l’autorisation.
- Bien entendu, ce n’est pas parce qu’il était le roi qu’il avait perdu ses talents de jardinier. Lorsqu’en saison, il offrait régulièrement ses fameuses pivoines que chacun se faisait le devoir de maintenir en vie le plus longtemps possible. Malheureusement, elles n’arrivaient pas seules. Une colonie de fourmis paradaient pendant quelques jours sur les dossiers et à travers les demandes de licence. Quand aux lilas, la plupart des gens en supportait l’odeur.
Si nous avons utilisé, au cours de cette allocution, des mots parfois étranges, c’est bien parce que Laval n’avait pas peur de passer pour un CANAOUICHE quand il s’agissait de baptiser certaines réalisations de son bureau. Ainsi sont nées” La plume de l’inspecteur” et la “Courte Pointe”. Ce trait particulier de sa personnalité faisait en sorte qu’il n’était pas toujours bien compris de ses pairs. /1
Nous sommes en l’an de grâce 1992. Notre ami Lavai, satisfait de ses réalisations et ayant le sentiment du devoir accompli décide d’abdiquer (probablement à cause de son âge avancé) en mettant en pratique un autre de ses dictons célèbres: “ un vieux soldat ne meurt pas il s’éteint tranquillement”. Les derniers moments de sa carrière seront consacrés au projet de la refonte de la réglementation: l’ultime outil qui servira à gérer le spectre pour les 25 prochaines années. Quel bel héritage à laisser.
Fort de l’appui d’Yvon Asselin, notre canaouiche national se présenta à la DRP-P, armé de son bagage d’expérience et de ses idées à tendance un peu conservatrice. On assista alors au choc des idées. Les forces conservatrices affrontèrent les forces progressistes; propositions, contre-propositions; tout était sur la table. Mais rien n’y fit, la définition d’une station radio telle que notre ami l’avait pensée fut rejetée. Laval, ressentant une certaine frustration, voulant panser sa douleur, demanda alors à notre confrère André Barrière du bureau de Sherbrooke de lui écrire un poème sur le sujet.
Ainsi se termine la merveilleuse histoire du roi de l’écoute radio.
Que peut-on souhaiter à un homme de ta trempe qui a servi ses concitoyens avec conviction et loyauté que de réaliser les projets dont tu as tant rêvés et de profiter au maximum, avec ta famille, des 35 prochaines années de liberté. N’oublie surtout pas ceux qui restent. Même si tu n’as plus la clef, la porte te sera toujours ouverte.
Note biographique en date du 22 septembre 1971 concernant les techniciens ( Inspecteurs radio ) affectés au secteur de la règlementation des télécommunications. Les dates de naissance des personnes encore vivantes ont été effaçées.
Voir la note de service du 22 septembre 1971
Laval Desbiens à l'École de Marine de Rimouski en 1956 Laval Desbiens at the Rimouski Marine School in 1956
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Links - Liens Spectrum Management from the Early Years to the 1990s Gestion du spectre du début aux années 1990
1987 - Federal Department of Communications - District managers gather 1987 - Ministère fédéral des Communications - Réunion des gestionnaires de district
2014 - Rencontre amicale à Sherbrooke de quelques anciens du spectre
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